INTELLIGENCE DES MOTS,
UNE HISTOIRE DU TEMPS

Les moments où on veut écrire sont précieux. Mais voilà, ces moments ne sont jamais bien choisis. En fait, on ne les choisit pas. Alors, comment réserver ce temps de l’écriture qui vient à tout instant dans une journée, qui n’est pas programmé. Non, l’écriture arrive quand elle doit arriver. Ce qui descend en nous est là à un moment précis, dans un temps précis qui lui est propre et favorable. Mais voilà, nous ne sommes pas libres forcément à ces temps-là. 

image STARZY SPRINGER

Et l'intelligence ne nous traverse pas deux fois de la même manière. Ce que nous avons intégré à un moment donné, s'il n'est pas porté sur le papier à cet instant-là, ne sera jamais renouvelé. Nous aurons beau essayé d'y repenser, de le retranscrire, cet instant est loin. Les vibrations ne seront pas les mêmes, l'intelligence ne sera pas dans les mots rédigés sur le papier.

Alors, on en revient à ce que je disais, il y a peu de temps : les mots sont importants quand vous les recevez et les transcrivez sur une feuille, ils ne le sont plus quelques instants après. Mais, il est difficile d'être libre, là tout de suite ! Voyez, je dois écrire ce qui arrive en mon esprit et je n'y parviens pas parce que je ne suis pas disponible. J'ai même pris le téléphone, ouvert l'enregistreur pour m'enregistrer et me dire que je consignerai ce que je dis de la façon dont je le dis plus tard. Mais là aussi, est-ce que les sons vibreront tels qu'ils doivent vibrer plus tard, même s'ils sont identiques ?

Nous avons l'impression que les choses peuvent se répéter facilement. Rien ne se répète. Tout ce que nous recevons et que nous recopions ultérieurement n’est pas la répétition de ce qui doit être. Ce n'est qu'une autre formulation identique, vibrante, mais dont les données initiales ont été transformées. Et c'est cela que nous ne comprenons pas, parce qu'un mot reste un mot pour nous. Il peut avoir différentes définitions, il peut n’en avoir qu’une, mais il reste un mot. Et pourtant, il est une vibration, il présente un mouvement et le mouvement est ce qui légitime le temps, c'est une expression du temps. Si le temps a changé, le mouvement n'est pas le même, la vibration est donc différente. Il s'agit du même mot reçu, mais nous ne l’avons pas reporté dans le temps donné.

Écrire, je l'ai dit, c’est mettre des mots en cage, ce qui signifie retenir une vibration dans un espace clos de manière à recevoir cette vibration telle qu’elle est livrée au moment où elle est donnée. Mais bien entendu, un espace clos altère la vibration elle-même et n'est jamais le résultat de ce qui a été communiqué. 

Voilà la raison pour laquelle, j'ai commencé mes écrits en portant votre attention sur les personnes qui retransmettent des textes produits par des esprits libres, les établissant ainsi comme des vérités, parfois pour appuyer leurs théories, leurs discours. Je vous montre que celui qui réécrit ce qu'une personne a transmis ne relaie pas les mots de cette personne parce que le temps, cette donnée fondamentale du mouvement et donc de la vibration du mot, aura changé. La retranscription devient une information partielle, déformée, colorée. Elle n'est pas l'information principale. Tout comme la sémantique insiste sur le fait, par exemple, que « la carte n’est pas le territoire », le mot rapporté ne sera jamais le mot initial. Il n’en est qu'une pâle copie, une copie qui aura perdu de son intelligence. Alors il ne faut pas renier les mots qui sont donnés, même plus tard. Ils possèdent encore de la vibration en eux, une vibration qui permet à l'être qui les reçoit de continuer, de poursuivre ou de commencer un chemin avec ces mots, mais il faut être conscient qu’ils ne seront jamais ceux amenés par la personne qui a instruit celui qui vous les livre.

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