SANS RESPONSABILITÉ
Je suis vide. Mon esprit vagabonde et rien ne vient. Je ne dois pas forcer l’intelligence. Mais un petit coup de pouce serait bien indiqué, ici, maintenant, d’autant que j‘ai abordé un sujet incompréhensible pour moi, devenir invisible à l’univers. Je n’ai pas ce don. Quelle bêtise ai-je encore raconté pour me faire bien voir. Voilà une façon de penser parfaitement humaine !
La plupart des pensées avec lesquelles je vis sont des productions collectives et cette locution « me faire bien voir » provient du même moule. Pourquoi doit-on être apprécié pour se sentir bien dans ses bottes ? Ceci est un conditionnement éducatif, un principe d’obéissance qui me propulse au-dessus de la mêlée. On m’apprécie, donc on m’aime. Et oui, l’amalgame est d’autant plus facile que tout est déjà ancré en moi par des répétitions hypnotiques formulées au cours de ma vie par le système éducatif. C’est la même chose que de dire « tu ne voleras point ». Les dix commandements de la Bible définissent certaines lois collectives auxquelles des peuples ont adhéré et auxquelles nos sociétés adhèrent toujours. Et, quand nous ne respectons pas les lois, non seulement le collectif sévit mais notre esprit s’écroule aussi sous les pensées imposées avec leur cortège d’émotions qui leur donnent plus de poids dans notre mental. Alors, nous nous confondons en excuses, nous implorons des pardons comme si toute cette mascarade pouvait nous faire évoluer.
Arrêtons de nous rouler sur le sol pour mieux nous faire écraser par les valeurs du bien vivre ensemble. Ce que je dis n’est pas une ode à la destruction, ce que je dis vous montre combien nous sommes peu libres d’être. Ainsi le monde se pavane dans son paraître pour se faire bien voir. Pendant ce temps, d’autres se détachent en adoptant des valeurs contraires destructrices, faisant allégeance à des collectifs mortifères qui ne méritent pas plus d’exister que les nôtres. Sachez que le bien et le mal sont des notions humaines toutes relatives pour aider à cimenter la société humaine, même si ce ciment entraine d’autres formes de vies à disparaître et la structure terrestre à s’écouler. La frontière entre le bien et le mal n’est qu’une appréciation humaine et rien de plus.
Faire du mal à un humain est condamné, détruire la planète n’a guère d’importance. Et même si on montre un intérêt sur le sujet, c’est avant tout pour nous, humain, pas réellement pour les autres avec qui on partage cet espace de vie.
Pire encore, nous croyons être l’espèce dominante, nous nous reproduisons à grande échelle sans complexe, sans réflexion pour le bien être de tout ce qui vit ici. Et les espèces qui nous dérangent, qui font comme nous, nous interrogent. Et, nous parlons de ralentir leur prolifération accentuée par les conséquences de l’expansion outrancière des hommes. Ils deviennent problématiques, regardez les dégâts qu’ils font ? Nous allons les stériliser, organiser des campagnes d’extermination. Ouf, heureusement, nous ne pensons pas de la même façon en ce qui concerne les humains !
Nous nous élevons au rang des dieux, nous risquons la vie des autres sans complexe d’aucune sorte et nous sommes bien ainsi. Alors, entre ceux qui jouent avec la vie des hommes et ceux qui jouent avec la vie d’une planète, il n’y a pas de différence. L’homme est au sommet de la prédation et l’univers ne peut pas le laisser entraîner un déséquilibre destructeur pour tous.
Comme rien n’est laissé au hasard, l’univers crée les menaces qui doivent freiner l’hégémonie humaine, l’enfermer dans une prison mentale et émotionnelle, reprendre le contrôle de ces petites vies insignifiantes à son échelle mais suffisamment perturbantes pour lui donner la migraine. L’univers réagit et l’homme s’effondre dans des peurs inconsidérées face aux soldats déployés par ce dernier.
Quand un virus arrive et fait autant de dégâts chez l’homme, chez les espèces animales, il faut avoir l’esprit clair, nous recevons une baffe pour nous remettre dans le droit chemin. Qu’importe qu’il soit une évolution, une erreur humaine, une mutation incontrôlée… tout a été mis en œuvre pour que la pandémie qui suit se passe. Et nous pouvons pleurer, nous ne stopperons rien ! Nous allons vivre avec cette épée de Damoclès sur la tête.
Le collectif humain et l’univers entre en guerre. Nous ne vaincrons pas ce dinosaure. D’ailleurs gagner n’a aucun intérêt, car nous sommes liés à lui. Oh ! il ne disparaîtra pas, mais nous donner une leçon est un bon système pour nous ramener à ce que nous sommes des hommes sous évolués, des consciences à l’état léthargique.
Arrêtons de vouloir ressembler à Goliath et commençons par nous observer, par voir ce que nous faisons, non pas pour faire du nombrilisme mais pour entrer dans une vraie conscience de nous-même et de l’autre, de comprendre où se situe notre place pour parvenir à nous détacher au fur et à mesure du moule collectif qui nous enserre toujours plus. Prendre conscience est le premier pas pour se libérer de notre carcan. Devenir conscient est le suivant.
Si nous voulons encore sauver ce monde - syndrome du sauveur - devenir responsable est incontournable. Vivre dans un collectif reste confortable malgré ce que nous subissons, car toute notre responsabilité en tant qu’individu est diluée, se perd dans la soupe commune. Et voilà comment passer à côté de nos erreurs ! « Ce n’est pas moi, c’est l’autre », qu’est-ce que c’est plaisant de penser ainsi.
Les humains sauveront le monde dès qu’ils sortiront de leur confort et qu’ils intègreront une conscience individuelle. Les erreurs ne s’imputeront plus à l’ensemble d’une communauté, mais aux individus qui gagneront en lucidité. Ainsi, l’homme ne marchera pas sur les traces du sauveur de la planète mais arpentera les responsabilités de l’humain envers les autres formes de vie.
Nous ne pensons pas, mais nous pouvons parvenir à penser quand nous ne penserons plus avec les autres et que nous penserons de nous-même. Et, la petite voix qui crie dans notre désert intérieur est souvent submergée par la grande voix qui conduit nos pensées et par là, nos comportements, nos attachements, nos valeurs... Tout ce qui n’est pas nous mais qui est collectif. Je ne suis pas pour le communautaire, je suis pour l’individu conscient, responsable et en autorité à part entière dans l’espace collectif. Le « un » rejoint le « plusieurs » sans perdre de son autonomie et de son pouvoir à être le « un ». Ce qui est loin d’être le cas. Voyez comme chacun accuse l’autre de moutonnerie quand il est en désaccord. Il ne se voit pas, il regarde ce que la communauté de valeurs, d’idées, de pensées, à laquelle il adhère lui demande de voir. Ne croyez pas que je me différencie des autres. Bien que mes perceptions s’affinent avec le temps, j’ai encore des difficultés à trouver comment me libérer. Et quand le ras le bol devient plus prégnant, que fais je ? je me noie dans des livres, des films pour m’inventer du rêve.
C’est une réflexion intéressante, s’inventer du rêve. Nos jeunes fonctionnent ainsi. Et nous ne voyons d’eux que le côté oisif, paresseux, en espérant qu’ils reviennent à la réalité. Nous ne nous disons pas qu’ils peuvent avoir analysé la réalité de leur vie et, que même s’ils n’en discernent pas toutes les facettes, ils ont compris qu’ils ne sont pas assez puissants pour prévenir ce qu’il se passe, alors ils s’inventent du rêve. Impuissance de l’homme qui se veut roi et qui croyant tout offrir à ses enfants ne lui apporte que peur, douleur, ignorance !
Je vais stopper là ce discours. C’est une sorte de répétition de ce que d’autres ont déjà longuement exploré, voire couché sur le papier. C’est un discours quelque peu moralisateur, ne trouvez-vous pas ? Sœur intelligence, n’as-tu pas mieux à me transmettre, quelque chose de croustillant, déphasant, aliénant… On va se faire un film d’horreur ! Allez je vais finir de nettoyer ma cuisine que j’ai laissé en plan et je reviens dès que mon esprit deviendra le canal d’un nouveau sujet à explorer. Surtout que je n’ai pas abordé dans le thème cette idée saugrenue : devenir invisible à l’univers.
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