LE VIDE ÉMOTIONNEL 

Il y a un an, je faisais l’expérience du néant, du « non né ». Inattendu, j’ai été précipitée dans le gouffre de l’absence de vie, dans un espace invisible, non conscientisé. Depuis, petit à petit, je deviens sèche, froide. L’intelligence fluctue quand elle me traverse, car je suis vide, extrêmement vide. Rien ne se remplit, je suis comme une bouteille sans fond, tout circule mais rien ne se retient, les parois sont lisses, tout glisse. Et les personnes de mon entourage me trouvent indifférente. Pourtant, je pleure quand je vois un animal qui souffre, mais aucune larme ne vient quand il s’agit d’un humain. Je sais alors que ce qu’il se passe est inéluctable. Certains parents, amis tentent de me donner l’envie de faire, de retrouver des désirs. Le plaisir s’est envolé. Suis-je dépressive ? Je me force quand je reçois chez moi, la compagnie m’ennuie. A part certaines personnes qui partagent ma vibration et avec qui je me sens bien, je dois composer avec les autres sans savoir quoi faire. Je me sens horrible, aucune joie, aucune peine. Je ne ressens plus la vie. Alors je me plonge dans des films, des ouvrages qui me font rêver pour me sentir exister. Cette folie échappe à toute logique. 

Mais, n’est-ce pas ce que nous faisons tous les jours à travers la vie et son cortège d’illusions ? Notre existence est tel un film dans lequel nous sommes l’acteur principal. Nous explorons un univers de formes, et les formes sont des mémoires, les mémoires se rappelles à nous, car elles sont une production de l’instantanéité d’une vie, celle de l’esprit qui nous précède. Difficile d’admettre que nous ne sommes pas ce fichu point d’origine et que nous évoluons seulement dans la mémoire d’une vie. Quand on intelligence cette situation, quand chaque cellule de votre corps, chaque émotion de votre mental lui font face, il n’y a plus rien en vous, vous regardez simplement le film de votre vie se dérouler et vous au centre quoi qu’il arrive, mais jamais libre de le stopper.